L’art de la partouze à Paris

L'amour c'est mieux à deux, à trois… à plusieurs ? Scoop : dans la réalité (celle qui se situe loin des idées reçues et rétrogrades), il existe des variantes. Une relation sexuelle n’est pas et ne doit pas forcément être basée sur un modèle hétérosexuel. Elle peut inclure deux êtres du même sexe et plus de deux personnes. On parle alors de pluralisme, de partouze, d’orgie, de baise à plusieurs.

Les mythes et croyances sont nombreux quant à cette pratique. On en rêve, on espère vivre un jour cette expérience. On la fantasme, on se masturbe sur du porno. On se dit pourquoi pas nous un jour. “Se déboîter” en nombre n’est pas irréalisable, il suffit juste d’avoir quelques informations avant…

Avant de se lancer, il faut réussir à se frayer un chemin au milieu des idées saugrenues et farfelues, comprendre les codes et secrets de ce monde. Et pour les plus curieux·ses, il va falloir vous armer de patience et de courage pour passer la porte de cet univers mystérieux, attrayant mais aussi dangereux. Suivez le guide.

Avis aux éternel·le·s curieux·ses pour qui “sexualité” rime avec “explorer”. Véritable safe place de la rencontre libertine, Wyylde s’impose comme le réseau social le plus sexy du moment. L’idée ? Rejoindre une communauté bienveillante où tout le monde s’amuse et assouvit ses fantasmes dans le respect de l’autre… et du consentement, évidemment. Pour se libérer à deux ou à plusieurs, Wyylde provoque les rencontres d’une nuit qui deviendront peut-être des rendez-vous coquins réguliers, encourageant ses membres à repousser leurs limites et mettre de côté la peur de l’inconnu. 

Avouez : vous rêvez de pimenter votre vie de couple en invitant une tierce personne dans votre lit ? Ou quatre, ou cinq ? Et pourquoi pas s’essayer au candaulisme ? Cette pratique, particulièrement en vogue parmi les ultilisateur·trice·s de Wyylde, vise à partager son ou sa conjoint·e avec un·e ou plusieurs partenaires (et admirer le résultat, évidemment). Pour assouvir tous ses désirs, il suffit de s'inscrire, de personnaliser sa présentation et de partir en exploration parmi les profils qui s’affichent sur le site. On devient “adepte”, on suit leurs actualités, on papote sur le chat et on fait confiance à la team modération qui veille à la bonne conduite de toutes et tous. Ne dit-on pas que plus on est de fous, plus on rit ?

Toutes les informations à retrouver sur wyylde.com. Abonnements d’un mois, trois mois ou un an entre 10,83 € et 24,90 € par mois.

Tout d’abord, pourquoi tenter cette aventure particulièrement intime avec tout un tas de parfaits inconnus ? Oui, pourquoi ? La réponse est simple : parce que vous en avez envie. Rien d’autre. L’envie. L’envie d’avoir envie. R.I.P. Johnny.

Dans de nombreux couples hétérosexuels, on remarque que c'est l’homme qui désire plus que tout tenter l'expérience et qui traîne (force) sa partenaire. Pour l’inciter à le suivre, il use de différents stratagèmes pour le moins nocifs : “Allez s’il te plaît ma chérie, on essaie”, répété une dizaine de fois chaque semaine durant deux ans. “Si tu m’aimais, tu accepterais” ou “Qu’est-ce que tu es frigide”. Si votre époux vous sort ce type d’arguments : fuyez, ce compagnon est toxique.

Répétez après moi : on ne se force pas. C’est important d'être curieux et curieuse, mais avant d’y aller et tester, il faut le vouloir. Ceci étant dit, voici mes préconisations, du pire au moins pire, jusqu’à l'idéal.

Il faut se rendre une ou deux fois dans sa vie dans un club libertin, pour observer ou plus. C’est intéressant. On en apprend beaucoup sur la nature humaine, les rapports de force. Il y a une véritable sociologie à décrypter dans une boîte échangiste.

À l'intérieur, vous allez côtoyer, avoir pour adversaires ou ennemis une plaie que même Moïse n’aurait pas pu vaincre. J’ai nommé… les hommes seuls. Dans l’idée, bien sûr qu’un homme non accompagné, sans partenaire peut se rendre dans une partie fine. Tout le monde le peut. Mais dans les faits, leur attitude est déplaisante.

Les clubs, selon ma vision, sont visés par des hommes phalocentrés ne souhaitant qu'une chose : se vider les bourses. Ces messieurs ne sont pas tolérants, très souvent misogynes et homophobes. Ils visent une performance. Petite astuce : les boîtes échangistes qui proposent une entrée gratuite pour les femmes ou les couples sont à éviter. Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit. Malgré tout, certains lieux sur Paris sont intéressants, selon la période :

• Le Mask, 18 rue Feydeau, Paris 2e - réservé aux couples
• Secret, 1 rue Cloche Perce, Paris 4e - restaurant libertin
• Le Cupidon, 3 rue Villedo, Paris 1er - club privé libertin

La première fois que vous vous y rendrez : observez, discutez, ne prévoyez rien. Devenez une petite souris qui se met dans un coin et qui analyse la situation. Vous comprendrez vite ce qu’il faut faire ou ne pas faire, comment se comporter. Et si ça vous plaît : amusez-vous.

J’ai longtemps été réfractaire à ces lieux, la propreté étant un élément primordial pour ma part. Je croyais, à tort, qu’un sauna libertin était un endroit où la crasse et la saleté séjournaient. Ce qui est totalement faux. Dans notre chère capitale, les saunas libertins ne manquent pas. Plébiscités par la communauté gay, vous en trouverez pour tous les goûts.

Les saunas libertins peuvent être une belle expérience à vivre. À l'intérieur, on vous proposera une serviette ou un pagne à mettre autour de la taille ou pour recouvrir la poitrine. Vous pouvez aussi vous balader nu·e·s, si vous le souhaitez. Là encore, on ne se force pas. Au risque de me répéter, c’est important de le rappeler. On peut profiter des vapeurs chaudes, mater, se caresser. On peut aussi se laisser aller à un rapport sexuel avec quelqu’un d’autre. À vous de voir.

Sur Paris, je recommande L’Eleven Club (11 rue Pixérecourt, Paris 20e), petit sauna mignon, agréable. Pour le reste, il y a des hauts et des bas. Beaucoup de bas. Tentez le Moon City (34, Boulevard de Clichy, Paris 18e) ou L'Éclipse (62 boulevard de Sébastopol, Paris 3e) mais les avis sont loin d’être glorieux. Pour conclure sur les lieux payants proposant du cul à plusieurs, je rajoute que très souvent des préservatifs ainsi que du lubrifiant sont proposés.

Montons d’une marche. Nous grimpons d’un étage. Rentrons dans l’espace qualité de l’orgie. Enfin.

Il y a ce que j’appelle les électro-partouzes. Il y a en a toujours eu à Paris. Mais depuis à peu près dix-huit mois, le collectif SQUAT en organise régulièrement et elles sont déjantées. Il y en a toutes les trois semaines environ. Les organisateurs des soirées Monarch, par exemple, vont à tour de rôle louer un entrepôt, un espace sous le périphérique, une salle des fêtes. C’est très, très, très underground. La musique électro est omniprésente. Pour espérer y entrer, il faut accepter d'être habillé·e de manière coquine. Durant la soirée, vous pourrez danser, boire, discuter… et plus si affinités.

Ces événements attirent hommes et femmes de manière égalitaire. Mais dans les pratiques sexuelles, les personnes gays dominent les débats. Peu de femmes se sentent encore à l’aise pour coquiner à plusieurs. Ça s'ouvre, mais c’est encore léger. Néanmoins, l'ambiance libertine où n'importe qui peut être ce qu’il souhaite le temps d’une soirée (nu.e, avec un plug enfoncé, en laisse, à quatre pattes…) sans être jugé·e est agréable. Cette liberté est plaisante. Entre deux commandes au bar, une fois 1h du mat’ passée, il est habituel de voir un homme se faire sodomiser par dix hommes à la suite ou une femme offerte (avec son consentement) à tous participants souhaitant la fouetter.

Seul problème, car il y en a un : la drogue. Dans ces soirées, tout le monde est chargé. Les coquins et coquines sont tellement perché·e·s qu’ils et elles peuvent grimper le Mont Ventoux en plein Tour de France sans aucune difficulté. Méfiance, donc.

Avançons. Dans le milieu du sexe à plusieurs, il existe désormais le sexe-positive. Sexe-Po pour les intimes. En clair : des orgies plus inclusives avec une sexualité et des pratiques moins hétéronormées. Selon les soirées, avant que chaque cession de cul ne débute, il peut y avoir un rappel des règles liées au consentement, respect… C’est très intéressant et nouveau à vivre. Je vous le conseille.

Nous touchons à la fin et… au Graal. L'idéal selon moi. Le mieux. Ce vers quoi il faut tendre et essayer ABSOLUMENT.

Tu organises ta touze, quoi ! Je t’imagine un scénario. Tu es avec ta chérie, tu te balades sur la Pointe du Raz en plein Finistère Sud, tu manges un kouign-amann, tu as une marinière de gros bobo parisien sans âme et ta meuf un ciré jaune. Original, le couple. Mais vous aimez le cul. Vous vous aimez tendrement et vous souhaitez aller plus loin ensemble. Toi, t’as bien envie de sucer une queue devant la femme de ta vie et ton épouse a très envie d’etre offerte à la terre entière. Super, ce programme.

Pour trouver vos nouveaux partenaires, vous pouvez :

• Draguer gentiment, respectueusement, sensuellement des êtres humains qui vous attirent lors d’une session d'escalade ou à la pendaison de crémaillère de Paola, comme envoyer de doux sourires au serveur qui vous plaît du Pause Café rue de Charonne.
• Vous pouvez créer un profil de couple sur une application classique (Tinder, Fruitz, Bumble) et expliquer honnêtement ce que vous souhaitez.
• Vous rendre sur un site libertin (Wyylde, Joyclub) et chercher.

Une fois la drague réelle et virtuelle effectuée, vous devez rencontrer ces personnes dans un cadre neutre (un bar, un restaurant) sans espérer la moindre chose. Expliquez votre envie, vos attentes et, si ça marche, là, vous pourrez vous revoir.

Ces personnes, vous pouvez les recevoir chez vous, voire louer un appart. Précisez que l'utilisation des préservatifs est obligatoire, que la drogue est interdite et la consommation d’alcool limitée. C’est primordial afin de préserver le consentement de tous les participants et éviter un drame.

Durant la soirée, précisez qu'il n’y a aucune obligation de copuler. Vous pouvez regarder, vous lâcher. Ce n’est pas parce que l'on se trouve dans une partie fine, que l’on doit absolument niquer.

Une fois que le groupe de trois est établi, rien n'empêche qu'au gré des rencontres ce groupe grossisse. Vous aurez alors votre communauté, que vous connaissez. Vous vous voyez pour la même chose, cette même chose qui est agréable et belle entre adultes consentants, respectueux et lubriques.

J'espère que mes conseils auront pu vous aider.

Prenez votre temps, vous n'êtes pas obligé·e·s de performer. Le sexe, c’est beau. Le sexe à plusieurs est transcendant, selon moi.

Nos vies sexuelles ne sont pas régies par un classement. Coquiner c'est bien, avec bienveillance et sans se forcer c’est mieux.

Sur ce… Bonne baise.

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