Découvert en 2014 avec son roman coup de poing En finir avec Eddy Bellegueule qui relatait la violence du milieu ouvrier dans lequel il a grandi, le jeune Edouard Louis a fait du chemin et revient avec un réquisitoire puissant contre la politique moderne. Trois bonnes raisons de connaître cet auteur.
Parce qu’il est le Xavier Dolan de la littérature
Les deux sont jeunes, insolents et talentueux. Au coeur de leur travail : la violence sociale, l’homophobie, la masculinité et les souffrances de l’enfance. Comme Xavier Dolan dans le cinéma, la position littéraire d’Edouard Louis est ambiguë et originale, dans le fond comme dans la forme. Dans son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule (2014), Edouard Louis s’était attiré les foudres de sa famille pour avoir accusé ses parents d’être homophobes, violents, fascistes et racistes. C’est pourtant pour défendre son père et lui déclarer son amour que le jeune écrivain revient sur la scène littéraire avec son dernier livre très politique qui se présente sous la forme d'un cri de rage, et qu’il dédie à… Xavier Dolan.
Parce que son personnage est tout aussi intrigant que ses livres
Goût du risque ou exigence de transparence littéraire ? Depuis le début de sa carrière, Edouard Louis joue avec le feu en utilisant le genre de l’auto-fiction. Au fil de sa plume, les lecteurs découvrent donc son enfance, ses parents ignorants et alcooliques, ses ébats sexuels, ses amours et même son viol. Accusé d’avoir trahi sa famille et son milieu ouvrier avec son premier roman vendu à plus de 300 000 exemplaires, l’écrivain-sociologue héritier de Bourdieu s’est à nouveau retrouvé sous les feux des projecteurs en 2016, à la sortie de son deuxième livre Histoire de la violence. Il y raconte (en assurant que chaque ligne est vraie) avoir été violé en décembre 2012 sous la menace d’une arme par un certain "Reda". Mais quelques jours après la parution du roman, lorsque Reda est mis en examen pour viol puis incarcéré pendant onze mois, Edouard Louis se rétracte, souhaite arrêter cette histoire et demande un non-lieu. La fiction aurait-elle dépassé la réalité ?
Pour sa critique sociale sans filtre
Edouard Louis n’hésite pas à parler haut et fort des choses qui fâchent. Il nous avait annoncé la couleur avec ses deux premiers romans en abordant cash les thèmes de la violence sociale et de l’homophobie, son troisième et dernier livre Qui a tué mon père, ne fait pas exception à la règle. L’écrivain y revient sur son enfance, sa famille et plus particulièrement son père. En 90 pages, le roman accuse tous ceux qui ont rendu son père ouvrier gravement malade, voire "presque mort". Les coupables ? Ceux dont les systèmes et les gouvernements ont humilité, brisé, réduit à la misère son père : de Chirac à Sarkozy en passant par Hollande, Martin Hirsch pour avoir supprimé le RSA et Macron pour avoir baissé de cinq euros les APL. Plus que de la littérature engagée, Edouard Louis créé une littérature de confrontation en obligeant le lecteur à regarder à la loupe les drames causés chez les plus démunis par certaines décisions politiques. Bref, une sorte de J’accuse de Zola version 2018.
Qui a tué mon père, Edouard Louis, Seuil, 12 €
Découvrez aussi le bouquin feel good de la semaine.