C’est le grand chouchou des festivals depuis les années 1970 : chacune de ses nouvelles sorties retentit dans le monde du cinéma, et son dernier film ne fait pas exception ! Les Linceuls de David Cronenberg sort officiellement ce mercredi 30 avril en salles, après avoir divisé le festival de Cannes l’an dernier. Ardemment personnel mais toujours futuriste, zoom sur l'œuvre la plus intime du Baron du sang.
Faire son deuil à l’ère meta
Profondément meurtri par le décés de sa femme qu’un cancer a emporté, Karsh (Vincent Cassel), hommes d’affaires, conçoit GraveTech, une boîte mi-glauque mi-impressionnante. Son concept ? Elle rend possible à voir les corps des proches récemment disparus et se décomposant dans leurs suaires, à travers des tombes connectées. Karsh y trouve là sa façon de faire son deuil, jusqu’au jour où plusieurs tombes sont profannées, dont celle de sa femme. Dès lors, il s’empêtre dans une enquête, où se mêle transhumanisme et complotisme, accompagné de sa belle-soeur Terry (Diane Kruger) et de l’ancien conjoint de cette dernière, Maury (Guy Pearce).
Une autobiographie à la sauce Cronenberg
Le body horror est en vogue ces dernières années. Rien que ces derniers mois, The Substance de Coralie Fargeat a raflé les nominations aux Oscars et à Cannes, et quelques années auparavant, c’est Titane de Julia Ducournau qui a remporté la Palme d’or. Si on surkiffe cette new gen’ de femmes qui s’entichent du gore et qui puisent leurs inspi dans Crash et autres chef d'œuvres du grand maître, on adore aussi revenir aux bases avec David Cronenberg lui-même.
Avec ce film, le pionnier du genre signe une œuvre personnelle, à la limite de l’autobiographie. Le réalisateur a en effet perdu son épouse il y a quelques années maintenant, et ce long métrage ne cache pas un hommage à l’être aimé. Si certaines scènes sont d’un symbolisme aussi tendre qu’effrayant (les scènes flashback dans le lit notamment), l’enquête du protagoniste couvre parfois (trop) les réflexions sur la perte et le chagrin qui lui est lié. Diane Kruger, dans les rôles de la femme disparue et de la belle-sœur, séduit face à un Vincent Cassel en alter ego du réalisateur, déboussolé et inconsolable malgré tous les efforts.
Verdict ?
La critique et le public sont divisés, et on le comprend : si le roi de l'horreur vénérienne attendrit sur les questions philosophiques autour de la vie, de la mort et de l’impossibilité de guérir complètement de la perte d’un proche, l’intrigue, elle, perd de sa vitalité à cause d’un complotisme ambiant et de directions troublantes, menant à une enquête qui amoindrit les émotions. Méditation sur l’amour et l'absence effacée par l’abracadabrantesque ? Hommage post-mortem touchant et ambigu ? Difficile de trancher !
Les Linceuls de David Cronenberg, au cinéma le 30 avril 2025.
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